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La Déchirance d’un peuple

Image : modification de la page couverture du roman 1984 (HMH)

Je ne m'excuserai point de m'exprimer ici en termes pompeux, pour ne pas dire moyenâgeux, et sachez que je ne m'époumone pas sans raison lorsque je hausse le ton pour affirmer que ce monde est tant puéril qu'un individu de ma tempe, et oserai-je le dire, tout être doué d'une saine intelligence, y trouve difficilement la place qui lui reviendrait d'un droit naturel.


À ceux.elles qui sont habitué.e.s à cette bonhommie fantasque qui me caractérise et à mon optimisme en apparence inaltérable auquel s'exposent tou.te.s ceux.elles qui me détractent, je me dois d'admettre que ces aspects de ma personne commencent à s'éroder alors qu'ils se frottent aux derniers écueils de notre société sombrant déjà dans le postmodernisme et sa croissante rétrogradation. Ces écrits ne sont que la pointe de l'iceberg (il ne suffira pas de lire quelques lignes dans un vulgaire journal pour saisir dans son entièreté mon bagage historique et intellectuel, je devrai vous référer pour cela à l'ensemble de mon œuvre littéraire) et bien qu'ils se juxtaposent aux propos d'un certain Ri-« char de marde »-tineau, j'implorerai la clairvoyance des lecteur.rice.s pour ne pas les confondre.

Loin de moi l'idée d'engendrer les échos assourdissants d'une vulgaire et opportune polémique; ce serait néanmoins, dans mon vocabulaire, me rendre coupable de haute trahison que de taire mes savantes élucubrations sur le sort de cette peuplade dont je fais encore partie et dont je suis sans contredit un des héritier.ère.s les plus fidèles. Or, dans cette société orwellienne qui s'impose à nous, et où les mots qui ornent nos plaques de voiture ne sont plus que des artefacts inintelligibles pour les nouvelles portées de poupons qui la composent (à l'instar des personnages du roman de Dartig qui m'aura inspiré le titre de cet article), ceux-ci ne savent visiblement plus de quel(le)s gê(è)nes ils sont issus.

« De ce projet de pays qui était le nôtre, il ne subsiste plus que des « et ma nation? » nauséabondes... et combien pèsent-ils en ciel?! »

De ce projet de pays qui était le nôtre, il ne subsiste plus que des « et ma nation? » nauséabondes... et combien pèsent-ils en ciel?! La fibre ou la foi patriotique ne serait-elle plus qu'un insignifiant nuage, rachitique et blême en comparaison avec le vaste écran de fumée de la virtualité et du marchandage, des paradis « Costco », et la gigantesque et recrudescente ouate molletonnée dans laquelle les masses de téléspectateur.rice.s, ramenées au stade de larves, gobichonnent les toutes dernières friandises d'une décadente décennie.

On apprivoise l'à-plat-ventrisme, on se complaît dans un netflixien individualisme, et de l'expression « né.e.s pour un petit pain », nous n'avons, hélas, hérité que des miettes. Mais qu'importe, me diront certain.e.s, pour autant que celles-ci soient encore assez abondantes et qu'elles aient le goût du sucre ou du glutamate monosodique. Ce triste relativisme me laisse pantois et perplexe, et avec le recul dont je dispose, je ne peux que tenter d'imaginer le stratagème par lequel nous aurions pu faire basculer le cours des choses. Fallait-il laisser le grain en terre pour qu'il pousse? Ou faire rouler notre pierre pour que celle-ci n'amasse pas mousse? J'appréhende déjà la horde de pseudo-messager.ère.s qui s'empresseront d'aller se contredire sur les médias sociaux. Pour le simple plaisir de la chose, ou pour se convaincre que ce sont eux.elles, et eux.elles seul.e.s, qui ont encore le nombril en dessous du menton.

« Ne serait-il pas souhaitable qu'on puisse s'immuniser contre ces déjections abjectes, sans pour autant enterrer nos têtes dans les sables mouvants? »

Ne serait-il pas souhaitable qu'on puisse s'immuniser contre ces déjections abjectes, sans pour autant enterrer nos têtes dans les sables mouvants? Peut-être faudra-t-il déserter quelques secondes nos comptes Twitter et Instagram pour pouvoir commencer à saisir le potentiel de ce que nous valons vraiment? Avant d'atteindre cet épisode à l'eau de rose et larmoyant (et auquel, je l'avoue, l'être romantique que je suis aspire patiemment), il faudra d'abord se donner le devoir de traverser cet espace intime où il est encore permis de rêver...

Voilà, je vous laisse sur ces relents de mon espoir chevaleresque, persistant et signant sous un nouveau néonyme, en prenant soin de vous mentionner que peu importe le côté, c'est de la même médaille que vous devrez pour l'instant vous contenter. Cela n'empêche pas de souhaiter et d'anticiper ce jour où, peut-être, nous aurons atteint le seuil moral et technologique qui fera en sorte qu'on puisse me cloner en plusieurs exemplaires, mettant ainsi au goût du jour les facettes multiples de ma pensée, transcendant les schémas binaires et réducteurs de la psyché et ouvrant la voie vers le Saint Graal d'une vérité perdue depuis des lustres... Comme dans cette proverbiale et éléphantesque fable où une tribu d'aveugles s'était collectivement guérie de sa cécité.

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